Aire-Sur-Adour, le marché.
Elle traînait un petit cabas accroché à quatre roulettes qu’elle remplissait au fur et à mesure de ses arrêts aux étals des commerçants. Elle échangeait deux ou trois mots avec chacun d’entre eux, Arnaud à la boucherie, Marie-Claude et ses canards, Francette à la charcuterie, Étienne à la rôtisserie ou Nathalie à la poissonnerie ainsi qu’avec bon nombre de Chalands amis de longue date. Elle terminait toujours son périple avec un petit café que Chantal avait le plaisir de lui offrir au comptoir de l’Adour. Devant le zinc, entourée par quelques joueurs du quinze local elle écoutait avec gourmandise les exploits de ces trapus dont elle connaissait le langage sur le bout des doigts. Les « Passe chistéra », « Passe croisée » « Maul », « En avant », « Regroupement » « Ballon porté » « Ruck » n’avaient pour elle aucun secret. Devant un ristretto sans sucre cette aïeule de l’âge de leur grand-mère refaisait, avec ces solides gaillards tombés sous son charme énigmatique, le match du dimanche qu’elle n’aurait raté pour rien au monde. Amalia, une supportrice de toujours de L’Avenir Aturin.