Ce matin, sur la terrasse de l’Estanquet, deux petits vieux gardent le silence devant un café que vient de leur servir Maïté. Têtes basses, le béret sur le front, les yeux dans le vague ils se taisent, les alouettes passent en turlutant. Fernand voudrait bien aborder le sujet mais son cœur saigne. Il se lance :
- Alors Marcel, ce « mache ?
- Tè, des « alaoudes ».
- Eh bé Marcel tu veux pas en parler de ce « mache » ?
- On aurait pu être champion…Dans quatre ans peut-être…
- D’ici là on sera peut-être invités dans la tribune officielle de Saint-Pierre.
- Tu crois qu’il est Anglais Saint-Pierre ?
- Diou Biban j’en ai peur, quatre juges, le central, les deux de touche et le vidéo, tous British. Ils m’ont toujours impressionné à l’International Rugby Board (IRB).
- Oh Fernand ! L’arbitre fait partie du jeu et quand t’es fort t’es fort et même le plus fort, arbitre ou pas.
- T’as raison Marcel, mais quand même…Tè, les anglish y étaient au fond du trou il y a deux mois. Les seuls de la Miss Sphère Nord en quart. Putaing cong, y sont forts ces British, je te le dis, y sont forts.
- Mais tu pleures Fernand ?
- Non, une poussière. Tè, je te parie que demain on verra des palombes. On se reprend un noir et sa remorque ?
Il faisait un peu froid ce matin, l’automne pardi. Un peu tristes les deux compères se turent et laissèrent divaguer leurs esprits en dégustant à petites gorgées un vieil Armagnac. Les alouettes grisollaient au-dessus de leurs têtes.
Ce putain de « mache ».
- Eh Marcel, on a quand même battu les blacks non ?
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